JEAN CHABOUD ET GRAND CERCLE D’AIX-LES-BAINS :

Halte à la sous-france, que vive l’Etat Fédéral de Savoie.

Pour clouer le bec à certains détracteurs.

Actionnaire du Grand Cercle d’Aix-les-Bains, par son père depuis sa fondation, le Docteur Jean Chaboud tâche d’y avoir une action bienfaisante. Il faudrait, pour montrer l’importance et les retentissements de l’influence du Docteur au cercle, reprendre tous les actes de cette administration. on se bornera à en donner les lignes générales.
Le 20 avril 1824, trente-six Savoisiens habitant la jolie ville d’Aix, se réunirent au château du Marquisat, pour créer un Cercle Casino.
Ce fut un début bien modeste. Il est facile d’en retrouver les échos dans les guides de   l’époque. Bientôt, la ville s’étant considérablement développée, il fallut songer à faire mieux.
Le 26 mars 1848, quarante-six habitants, membres du Cercle Casino, et en représentant légalement trente deux autres, se réunirent, en raison d’une notification des désirs du Roi faite à M. le Syndic d’ Aix.
L’assemblée décida l’immédiate discussion d’un Acte Constitutif pour la nouvelle Société du Cercle Casino d’Aix-les-Bains. Approuvé par Charles Albert, en 1849 Victor Emmanuel II se hâta de confirmer, en tout et pour tout, cet excellent Acte Constitutif.
Depuis, et jusqu’en 1860, il surveilla soigneusement les intérêts de cet établissement qu’il jugeait d’utilité publique, défendit toujours qu’on changeât se statuts, et déclara à Cavour que des succès et de la prospérité de ce Cercle Casino, dépendraient constamment et à la prospérité d’Aix-les-Bains et à l’affluence des visiteurs étrangers qui font la prospérité de la Savoie.
Cet Acte Constitutif était en effet un modèle de sagesse et de prudence et il mériterait d’être étudié pour lui-même par un économiste.
Deux points principaux sont à retenir :
Quelque soit le nombre de ses actions, l’actionnaire n’a droit qu’à une seule voix seulement, lors des votes aux assemblées générales, où personne ne peut représenter plus de cinq actionnaires.
Les bénéfices et tous les revenus de la société sont employés à subventionner la Ville, les établissements de bienfaisance et les sociétés, les comités, les agences concourant, par de la publicité, par des attractions artistiques et par des fêtes corporatives et des congrès d’utilité publique, à amener à Aix-les-Bains le plus grands nombre d’étrangers possible.
En 1860, l’annexion ne fut consentie qu’à condition expresse que la Savoie, continuerait à jouir des privilèges, des bénéfices, dont elle jouissait sous le régime sarde.
Et la correspondance Gromier conclut : Le noble exemple donné à Aix-les-Bains par   l’administration du Cercle Casino demeure partout un objet d’admiration méritée. Il est d’une grande rareté, beaucoup trop rare, en effet, de 1824 à 1907, de rencontrer    n’importe où des administrations d’un Cercle Casino ne touchant jamais le moindre honoraire. Il est absolument extraordinaire de ne pouvoir douter un instant que toutes les disponibilités du budget du Cercle ont été, chaque année, de 1824 à 1907, exclusivement consacrées à des oeuvres municipales ou bien à des travaux de construction, d’agrandissement, de réparations et d’embellissements destinés à faire du Cercle Casino ce qu’il est devenu : un établissement hors pair.
Certes Victor Emmanuel II avait bien raison d’appeler ces administrateurs une Société de philantropes.
Le Docteur Chaboud appelle cette oeuvre sainte des aïeux une société incomparable, dont le grand économiste Leroy-Beaulieu a pu dire qu’elle est unique en Europe et   qu’elle apparaît, dans sa constitution, son inspiration altruiste, dans sa prospérité constante et vraiment extraordinaire, et sa fécondité sociale, comme un véritable paradoxe économique.
Pour conclure, la population d’Aix comptait 1500 âmes en 1820, 4000 en 1834 et 6500 en 1848, lors de l’organisation du Cercle et n’a pas tardé à dépasser 10 000.
De fait, c’est durant cette période que le Cercle atteindra son plus haut degré de prospérité.
Le Docteur Chaboud a pu dire du Cercle avec raison :
« Une société d’actionnaires qui possède une mine d’or, refusant de beaux dividendes par pur patriotisme et l’exploitant au profit de tous n’est pas ordinaire. Les gestes de son administration ne sauraient être appréciés suivant la norme générale. En effet contre toute sagesse économique, contre toute prudence, elle se montre prodigue à     l’excès. Elle a toute la munificence d’ un Mécène pour faire de notre Cercle un centre artistique sans égal. Elle est très libérale pour les entrées ; elle prodigue les invitations pour que toutes les petites maisons soient satisfaites, pour que les petites bourses soient retenues à Aix le plus longtemps possible, pour favoriser nos hôtes de Chambéry et de la Savoie. Elle pourvoit largement au soulagement des misères et des infortunes ».
Ils ont fait du Cercle un centre artistique sans égal, en défendant deux principes supérieurs
1° Le principe de l’indépendance et l’intangibilité du Cercle.
2° Le principe de la gestion au profit du pays.

Et dire que le système français a entièrement détruit ces prérogatives avec l’accord et    l’acceptation de nos élus.

Mais j’ ai voulu parler d’un exemple qui prouve bien à nos détracteurs que la Savoie savait gérer, en étant à la pointe d’un principe économique sain et stable pour l’intérêt de tous.

P.Biguet

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