Extrait du discours de Jean-Marc Fonseca, maire de Rigaud
(Rigaud, magnifique village de 235 habitants dans les Hautes-Alpes, au-dessus de Nice)
Dans nos petites communes les maires sont proches des populations, ce que l’on appelle « La Démocratie de Proximité » et les services aux populations qui en découlent.
Aussi la détresse et la colère de nos populations c’est bien avant Novembre 2017 que nous l’avions perçue car dans nos territoires ruraux de montagne ce n’est pas d’aujourd’hui que date la paupérisation des populations
Surtout que de nombreux habitants ont rejoint nos territoires car ils n’avaient pas les moyens de vivre sur la côte. (Taxes, prix des loyers, cherté de l’alimentation etc…)
Pour nos retraités agricoles, l’augmentation de la CSG, n’est pas anodine compte tenu du montant des retraites agricoles (Entre 400 et 800 Euros)
Pour les actifs qui la plupart du temps ne travaillent pas au village et font le trajet vers les bassins d’emplois sur la côte (60 à 70km, 2fois par jours) les limitations de vitesses, le prix des carburants c’est douloureux pour un smig.
Et compte tenu du niveau de vie de nos populations, l’augmentation de l’électricité, celle des mutuelles, le déremboursement de certains médicaments cela pèse aussi.
Mais à l’heure des métropoles, des regroupements forcés de Communes au sein des ECPI, une sorte d’Annexion, les maires comptaient pour du beurre, puisque la plupart se taisaient, courbaient le dos (comme les gueux qui deviendrons les GJ) se prosternaient devant la représentation nationale, tendant misérablement et humblement la sébile pour obtenir une aumône qui permettrait de réparer le toit de l’église ou un bout de chemin communal.
Nous comptions pour pas grand-chose, avec le mouvement des gilets jaunes, et tout à coup avec il faut le dire le grand débat, ils se sont aperçu que le liens avec les populations passait par le maire, ses adjoints et les conseillers municipaux, c’est-à-dire les gens que l’on voit travailler au bien de la communauté en général avec parfois un balais à la main, ceux que l’on voit s’arrêter, descendre de voiture pour enlever une pierre sur la route, ceux qui sont rarement en costard cravate. Ces petites Mairies ou la porte du maire et toujours ouverte, celui qu’on peut joindre au téléphone si on a un problème quel que soit le jour ou l’heure.
C’est tout juste, si le gouvernement ne nous a pas appelé au secours pour sauver la république, les mesures de répression outrancières ne suffisant pas à éteindre le Mouvement.
Mais en attendant, rien n’a toujours été fait sinon des effets d’annonces.
On n’a pas l’impression que les dotations d’état au Conseil Départemental, qui reste notre principal soutien financier vont augmenter. Ils proposent quoi ? Des maisons de pays virtuelles, itinérantes ou hebdomadaires, oubliant que la première maison de pays, c’est la mairie, à moins qu’une fois de plus ont nous prennent pour des gardiens de chèvres, arriérés et un peu demeurés sachant tout juste lire et n’osant pas interroger les
différents services administratifs.
Les emplois aidés qui nous permettaient d’avoir un ou deux cantonniers sont toujours supprimés. Au nom d’un égalitarisme jacobin nous sommes toujours écrasé des mêmes procédures que l’on
applique aux communes riches de la côte.
On ne veut toujours pas tenir compte de nos spécificités pays de montagne, du revenu des communes qui refusent des pressurer sous les taxes et impôts encore plus leur population.
Il est difficile de maintenir des activités économiques de proximité quand nos fournisseurs doivent attendre plus de deux mois pour être payés par les services fiscaux.
Car chez-nous, pas de voiture de fonctions, pas de chauffeurs et des indemnités d’élus qui ne dépassent souvent pas les 600 Euros. Pour être présent et disponible à la Mairie du lundi matin au
samedi matin. Et je pense à mes collègues, encore en activité qui sacrifient depuis des années, leur WE, leurs vacances et leur vie de famille au bien commun.
Et dont certains par lassitude, ne se représenteront plus.
Et forcément au bout d’un moment on s’est aperçu que nous aussi comme ces petits retraités, ces mères de familles seules qui travaillent, ces aides-soignantes, ces agents des écoles, ces ouvriers et même nos artisans, qu’on était quelque part méprisés.
Et il y a une chose qui constitue un ferment de révolte c’est quand on touche à la dignité des hommes et des femmes.
Et pour les municipales tout le monde commence effectivement à se rendre compte que la représentativité médiatique nationale ne sera pas prépondérante et qu’une fois encore seuls les maires
des grandes agglomérations ceux qui auront reçu l’investiture auront la parole dans les médias locaux. La somme aujourd’hui insupportable de nos difficultés, la plupart ils s’en battent la veilleuse.
Mais attention la roue tourne 18 000 communes ensembles qui partagent les mêmes inquiétudes et les mêmes soucis, ça commence à peser.
Sur les territoires d’abord, mais aussi lors des prochaines cantonales, puis les régionales, et enfin sur la constitution du Sénat, puisque nous sommes tous des grands électeurs et qu’à vingt voix prés certains pourraient louper la marche.
Et comme disait la chanson des Canuts : « Et votre règne finira, quand notre règne arrivera. »
La France c’est une pyramide sur la pointe avec les communes sensées être la base de toutes démocratie se retrouvant vacillantes tout en haut pendant que Paris forme la pointe.
C’est donc effectivement aux communes de faire tomber cette pyramide en la déséquilibrant pour la remettre sur sa vraie base, la stable, les communes.
Il y a longtemps qu’on sait ça en Savoie avec les Communaux divers, mais on nous a enlevé tout ça il y a 159 ans pour nous imposer ce système instable en train de tomber.